Les Bacchanales de Gilbert Piller ou LÉlan vital dans la plastique


L’art de Piller n’est ni d’avant-garde ni d’ordre conceptuel.

Ses sculptures s’inspirent plutôt d’éléments stylistiques du classicisme grec.


Cet art n’est en rien mimétique ; son style est tout expressif.

Les formes témoignent d’une créativité  hors du commun.

Toute l’énergie de l’artiste s’est transmise à ses créatures,

toute sa force d’expression s’est inscrite dans les sillons et les saillies des corps,

un peu à la manière d’Auguste Rodin, le père de la sculpture moderne.


Chez Piller, le corps humain apparaît sous la forme abstraite

de torses tronqués, sans bras, sans pieds et sans tête.

Mais ces torses se dressent comme des proues de vaisseaux en haute mer,

car ces corps ont une âme.

Ils sont pleins de sensualité et emplis de spiritualité.

Ils étincellent d’une énergie naturelle et sauvage maîtrisée par la seule forme.

Leur centre énergétique s’est déplacé vers le ventre, le siège de la vie,

leur nombril est devenu oeil.


C’est la même main qui est à l’oeuvre dans les fusains et dans les pastels,

c’est le même jeu avec la géométrie des lignes de force verticales  et horizontales,

c’est la même force qui donne aux sculptures leur dynamique.


Les Bacchanales expriment  la vitalité du corps, mais aussi sa vulnérabilité.

Les figures sont-elles plongées dans l’ivresse des sens ou luttent-elles contre la mort ?

Éros et Thanatos sont partenaires sur cette scène sculpturale.

L’un ne va pas sans l’autre.


Ces formes anthropomorphes bondissent dans toutes les directions.

Elles s’élancent, s’envolent, s‘enroulent et s’écroulent.

Elles occupent entièrement la piste de danse et la transfigurent

en une bacchanale dyonisiaque, grandiose et tragique, celle de la vie et de la mort.


Le socle donne au groupe sculpté son horizontalité et sa verticalité.

Il joue à la fois le rôle d’une ancre et d’un brisant de lames

et offre la vague de la danse sur un plateau de théâtre.

Loin d’être un lieu géométrique, il est devenu un espace vital

envahi par la configuration rythmique des corps qui le peuplent.


Piller nous présente dans un tableau vivant une version moderne,

époustouflante, d’un mythe millénaire et nous invite au voyage à travers l’espace et le temps.

Son art sculptural vibre d’un humanisme profond et puisant, immuable et intemporel.    


Harry Blaser, mars 2010, adaptation en français par J-P S


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