Les aquarelles de G. Piller :  La nature vue de l’intérieur


Je me suis demandé à quoi est due la forte fascination qu’exercent ces petits chefs - d’oeuvres créés d’une main rapide.


Leur force se situe dans la faculté de provoquer et d’inspirer autrui. Ils interpellent notre regard tout en nous interdisant une lecture trop rapide. Ils nous mettent dans la situation de quelqu’un qui doit chercher avant de trouver. C’est bien cette structure du dialogue qui caractérise les aquarelles de Piller. Il réussit à instaurer la conversation entre elles et le regard d’autrui. Ce face à face est soumis à des facteurs extérieurs comme l’incidence de la lumière et l’influence intérieure liée à la disposition personnelle de celui qui les contemple.


Ces aquarelles évoquent par une mise en scène de formes multiples et de couleurs lumineuses la nature en tant que telle. Mais elles le font d’une manière complètement intime et libérée de toute contrainte. Elles sont en quelque sorte la résonance artistique des sensations que l’artiste traduit en un jeu subtil avec des taches, des formes, des lignes et des vides (papier apparent).


La qualité artistique de ces visions intérieures de la nature réside dans la légèreté scénique et dans la remarquable justesse des couleurs et de leurs effets lumineux qui pourraient nous rappeler le style impressionniste.


C’est l’improvisation et le principe du hasard qui dominent ces oeuvres exemptes de toute allusion réaliste. Comme la technique de l’aquarelle ne permet guère de corrections, la main de l’artiste doit obéir encore plus que pour les huiles à son intuition. Pas à pas (d’accident en accident) la surface se remplit de taches et lignes colorées. Leur juxtaposition forme une continuité temporelle, leur synthèse fait émerger un espace vital et imaginaire.


De ce procédé résultent des oeuvres pleines de musicalité, des visions intérieures lumineuses et toutes transparentes qui demandent à être redécouvertes à chaque rencontre, car elles ignorent les références habituelles.


Et dans ce processus de réinvention se reflète d’une manière parabolique le renouvellement permanent de la nature. La nature apparaît ainsi dans cette peinture par voie analogique, elle n’est pas un modèle, mais plutôt un acte de restitution dans lequel sont engagés - chacun à sa manière - l’artiste, l’oeuvre et son public.


H.B. février 2011

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